PRIVILÉGIER LE PROJET À L’OBJET
par Laura Daly,
MANAGER DES ARTISTES ILLUSTRATION SOURCE NEW-YORK
LAURA DALY : PEUX-TU TE PRESENTER EN QUELQUES DE MOTS ?
MARIE B. CROS : Artiste Plasticienne Scénographe je privilégie la collaboration et le projet à l’objet et le medium de la scénographie pour penser des espaces polyhoniques.
LD. PEUX-TU DEFINIR TON ACTIVITE EN QUELQUES MOTS ?
MBC. Je manipule indéfiniment des médias d'expression artistique, des concepts, des techniques, des supports dits « plastiques » ; à travers le son, le dessin, l’animation, la sculpture, le film, parfois même l’informatique, je souhaite interroger les modes de narration et de représentation dans l’espace.
LD. DECRIS-MOI TON ATELIER ?
MBC. Un studio de création connecté avec des ateliers industriels, des ateliers déco, des laboratoires de photographie, de nouvelles technologies, des entreprises artisanales favorisant la possibilité de « niches créatives » aux recherches illimitées. Je milite pour une forme d’'hyper-collaboration qui fabrique la colonne de la création, dialogue & réflexion.
LD. TON APPROCHE PLASTIQUE ?
MBC. Dès la phase d’élaboration d’un projet, je dissocie systématiquement le processus de production de l'œuvre de son concept d’exécution. En développant ces collaborations dans les projets agences ou compagnies régulières, j’ai privilégié le projet à l’objet et j’ai affiné une méthode de travail très éloignée de l’image qu’on peut se faire de l’artiste solitaire dans son atelier... Certaines œuvres exigent une lente maturation technique qui se déploie de l’idée et des premières recherches -croquis à l’encre ou au dessin, notes, moodboards, maquettes, collages, traitements par ordinateur des premières images-jusqu’à l’exécution par des spécialistes, artisans ou industriels.
L’objet fini dit « œuvre » (ou projet) est l’aboutissement d’un -long- processus de production collective dont je reste l’instructeur bien sur mais comme créateur, pas comme artisan.
LD. TES TECHNIQUES ?
MBC. J’utilise plusieurs techniques artistiques : l'installation, la danse, la photographie, l’art vidéo, la peinture, le dessin, le collage, la sculpture, sur tous matériaux. Et j’ajoute à tout cela, presque systématiquement, la création assistée par ordinateur ou par téléphone.
LD. TON PROCESSUS DE PRODUCTION ?
MBC. Mes processus de gestation et de création s’opposent à l’image de l’artiste qui s’est fixée au XIXe siècle, celle de l’individu seul face à ses démons ou à la fièvre de la création, exerçant son art contre vents et marées...
L’art contemporain tend vers une vision plus globale, une connexion avec la notion de projet, le réel, la modernité, l’œuvre, le temps, la méthode...etc.
L’œuvre ou le projet de l’œuvre plastique contemporaine s’inscrivent dans une réalisation collective, une sorte de production culturelle dont le pilote est un artiste.
New-York, novembre 2013